William Shakespeare

William Shakespeare (né probablement le 23 avril 1564, baptisé le 26 avril 1564, mort le 23 avril (52 ans) 1616[1]) est largement considéré comme le plus grand poète, dramaturge et écrivain de la culture anglo-saxonne[2],[3]. Il est réputé pour sa maîtrise des formes poétiques et littéraires ; sa capacité à représenter les aspects de la nature humaine est souvent mise en avant par ses amateurs.
Personnage éminent de la culture occidentale, Shakespeare continue d'influencer les artistes d'aujourd'hui[4]. Il est traduit dans un grand nombre de langues et ses pièces sont régulièrement jouées partout dans le monde. Shakespeare est l'un des rares dramaturges à avoir pratiqué aussi bien la comédie que la tragédie. Il est également extrêmement rare de voir un écrivain du XVIe siècle dont les textes puissent donner, dans notre époque moderne, des films à succès.
Shakespeare écrivit trente-sept œuvres dramatiques entre les années 1580 et 1613. Mais la chronologie exacte de ses pièces est encore sujette à discussion. Cependant, le volume de ses créations ne doit pas apparaître comme exceptionnel en regard des standards de l'époque.
On mesure l'influence de Shakespeare sur la culture anglo-saxonne en observant les nombreuses références qui lui sont faites, que ce soit à travers des citations, des titres d'œuvres ou les innombrables adaptations de ses travaux. Ne dit-on pas de l'anglais qu'il est « la langue de Shakespeare » de la même manière que celle dont on dit du français qu'il est « la langue de Molière », de l'allemand qu'il est « la langue de Goethe », de l'espagnol qu'il est « la langue de Cervantes », de l'italien qu'il est « la langue de Dante » et du persan qu'il est « la langue de Ferdowsi »? [5]
Biographie
La plupart des spécialistes s'accordent à dire qu'il existe désormais assez de traces historiques pour définir en détail la vie de Shakespeare. Ces « traces » sont
constituées principalement par des documents officiels, et donnent un aperçu très limité de la vie du dramaturge. Même si certains chercheurs ont tenté de spéculer sur certains faits et
anecdotes, tentant de distinguer dans ses œuvres des reflets de sa vie intime, nous devons nous résoudre à l'idée que nous ne connaissons du personnage que des détails insignifiants, ou presque.
Certains chercheurs ont même affirmé qu'il n'existait pas ou que ce n'était pas son véritable nom. Nom emprunté ou pas, il demeure l'un des plus grands auteurs de l'histoire du théâtre.
Premières années
Maison natale de Shakespeare à Stratford-upon-Avon
William Shakespeare naît probablement le 23 avril 1564 à Stratford-upon-Avon, dans le Warwickshire (centre), en Angleterre. Son père, John Shakespeare, était un gantier et marchand de cuir
prospère, en plus d'être un homme d'une certaine position dans la ville de Stratford : en 1565, il y avait été élu conseiller municipal, puis grand bailli (ou maire) en 1568. En 1557, il avait
épousé Mary Arden, une bourgeoise, et tous deux vivaient dans une maison située sur Henley Street.
L'acte de baptême du jeune William est daté du 26 avril 1564 : on baptisait les nourrissons dans les quelques jours qui suivaient leur naissance, et par tradition, l'on s'accorde à citer le 23 avril comme la date de naissance du dramaturge. Cela permet d'ailleurs d'ébaucher une curieuse symétrie puisqu'il est mort le même jour en 1616. En outre, il est tout à fait approprié que la naissance du plus grand dramaturge anglais coïncide avec la fête de Saint-Georges, le saint patron de l'Angleterre.
Le milieu confortable dans lequel Shakespeare est né le conduisit vraisemblablement à fréquenter, après le niveau élémentaire, l'école secondaire « King Edward VI » au centre de Stratford, où l'enseignement comprenait un apprentissage intensif de la langue et la littérature latines, ainsi que de l'histoire, de la logique et de la rhétorique. Même si les registres d'inscriptions n'ont pas survécu, il est dans la logique que Shakespeare ait fréquenté cet établissement. Il n'existe pas davantage de preuves pour attester d'une éducation poursuivie au-delà de l'école secondaire.
Le théâtre de la Royal Shakespeare Company à Stratford-upon-Avon
Le 28 novembre 1582, à Temple Grafton près de Stratford, Shakespeare épouse Anne Hathaway, de 8 ans son aînée. Deux voisins de la mariée, Fulk Sandalls et John Richardson publièrent les bans de
mariage, pour signifier que l'union ne rencontrait pas d'opposition. Il apparaît toutefois que la cérémonie avait été organisée en hâte : Anne était enceinte de trois mois. Après son mariage,
Shakespeare ne laisse que de rares traces dans les registres historiques, avant de réapparaître sur la scène artistique londonienne.
La suite des années 1580 est donc connue comme l'époque des « années perdues » de la vie du dramaturge : nous n'avons aucune trace pour expliquer la vie de l'écrivain pendant ce laps de temps, et nous ne pouvons pas expliquer pourquoi il quitta Stratford pour Londres. Une légende, aujourd'hui tombée en discrédit, raconte qu'il avait été pris en train de braconner dans le parc de Sir Thomas Lucy, un juge de paix local, et s'était donc enfui pour échapper aux poursuites. Une autre théorie suggère qu'il aurait rejoint la troupe du Lord Chamberlain alors que les comédiens faisaient de Stratford une étape de leur tournée. Le biographe du XVIIe siècle John Aubrey rapporte le témoignage d'un comédien de la troupe de Shakespeare, racontant qu'il aurait passé quelques années en tant qu'instituteur.
On sait par contre, que le 26 mai 1583, Susanna, premier enfant de Shakespeare, est baptisée à Stratford. Des jumeaux, Hamnet et Judith, sont baptisés quelque temps plus tard, le 2 février 1585. Hamnet, son unique fils, connaît très jeune un funeste destin, puisqu'il meurt quelques années plus tard : on l'inhume le 11 août 1596. Beaucoup suggèrent que ce décès inspira au dramaturge la tragédie Hamlet (env. 1601), une histoire construite d'après plusieurs influences, parmi lesquelles une pièce danoise (restée introuvable) Hamlet, ou Thomas Kyd.
Londres et le théâtre
En 1592, la trace de Shakespeare réapparaît à Londres, où il est enregistré en tant qu'acteur et dramaturge. À ce stade, il a déjà suffisamment de
réputation pour être ouvertement critiqué par Robert Greene, qui parle de lui comme d'un « corbeau arrogant, embelli par nos plumes, "dont le cœur de tigre est caché par le masque de l'acteur",
et qui présume qu'il est capable de déglutir un vers aussi bien que les meilleurs d'entre vous : en plus d'être un misérable scribouillard, il se met en scène dans sa dramatique vanité. » -
Greene, dans son pamphlet[6], fait ici allusion à Henry VI, 3e partie, en reprenant le vers : « Oh, cœur de tigre caché dans le sein d'une femme. »[7]
On peut donc conjecturer qu'il a dû être sur la scène londonienne depuis un certain temps, et les spécialistes estiment qu'il a quitté Stratford vers 1587.
Le théâtre du Globe à Londres
La statue de Shakespeare, Leicester Square
Shakespeare devient acteur, écrivain et finalement sociétaire d'une compagnie théâtrale, connue sous le nom de « The Lord Chamberlain's Men », troupe pour laquelle il écrit exclusivement depuis
1594. La compagnie tire son nom, comme le voulait l'époque, du mécène aristocrate qui soutient la troupe (Lord Chamberlain était un ministre responsable des divertissements royaux. Ce titre a
longtemps désigné la fonction de principal censeur de la scène artistique britannique). En plus de jouer lui-même dans ses propres œuvres, on sait par exemple qu'il interprète le spectre du père
dans Hamlet et Adam dans Comme il vous plaira, il apparaît également en tête d'affiche de pièces de Ben Jonson : en 1598 dans Chaque homme dans son caractère (Every Man In His Humour) et en 1603
dans Sejanus[8]. La compagnie devient très populaire : après la mort d'Élisabeth Ire et le couronnement du roi Jacques Ier (1603), le nouveau monarque adopte la troupe qui porte désormais le nom
des « Hommes du Roi » (King's Men). La troupe finit par devenir résidente du théâtre du Globe, dont la réplique exacte est de nouveau en activité à Londres.
En 1604, Shakespeare joue un rôle d'entremetteur pour le mariage de la fille de son propriétaire. Des documents judiciaires de 1612, date où l'affaire est portée au tribunal, montrent qu'en 1604, Shakespeare est locataire chez un artisan huguenot qui fabrique des diadèmes dans le nord-ouest de Londres, un certain Christopher Mountjoy (Montjoie). L'apprenti de Montjoie, Stephen Belott désirait épouser la fille de son patron ; Shakespeare devient donc l'entremetteur attitré, pour aider à négocier les détails de la dot. Sur ses propres promesses, le mariage a lieu. Mais huit ans plus tard, Belott poursuit son beau-père pour n'avoir versé qu'une partie de la dot. Shakespeare est appelé à témoigner, mais ne se souvient que très vaguement de l'affaire.
Plus tard, divers documents provenant des tribunaux ou des registres commerciaux montrent que Shakespeare est devenu suffisamment riche pour s'acheter une propriété dans le quartier londonien de Blackfriars (rive sud de la Tamise, le quartier des théâtres (et des prisons !)). À cette époque, il possède également une grande propriété à Stratford.
Retraite et fin de vie
Vers 1611, Shakespeare décide de prendre sa retraite, qui s'avéra pour le moins agitée : il fut impliqué dans des démêlés judiciaires à propos de
terrains qu'il possédait. À l'époque, les terrains clôturés permettaient le pâturage des moutons, mais privaient du même coup les pauvres de précieuses ressources. Pour beaucoup, la position très
floue que Shakespeare adopta au cours de l'affaire était décevante, parce qu'elle visait à protéger ses propres intérêts au mépris des nécessiteux.
Pendant les dernières semaines de sa vie, le gendre pressenti de sa fille Judith - Thomas Quiney, un aubergiste - fut convoqué par le tribunal paroissial pour « fornication ». Une femme du nom de Margaret Wheeler avait accouché et prétendait que l'enfant était de l'aubergiste ; mais la mère et l'enfant moururent peu après ce sombre épisode. Quiney fut déshonoré, et Shakespeare corrigea son testament pour assurer que les intérêts de Judith lui étaient sécurisés à son nom.
Shakespeare mourut le 23 avril 1616, à l'âge de 52 ans. Il resta marié à Anne jusqu'à sa mort et ses deux filles lui survécurent. Susanna épousa le Dr John Hall, et même si les deux filles de Shakespeare eurent elles-mêmes des enfants, aucun d'eux n'eut de descendants. À ce jour, il n'y a donc pas de descendants directs du poète.
Shakespeare est enterré dans le chœur de l'église de la Trinité à Stratford-upon-Avon. Il reçut le droit d'être enterré dans le chœur de l'église, non pas grâce à sa vie de dramaturge, mais après qu'il fut devenu sociétaire de l'église en payant la dîme de la paroisse (£440, une somme importante). Un buste commandé par sa famille le représente, écrivant, sur le mur adjacent à sa tombe. Chaque année, à la date présumée de son anniversaire, on place une nouvelle plume d'oie dans la main droite du poète.
À l'époque de Shakespeare, il était courant de faire de la place dans les tombeaux paroissiaux en les déplaçant dans un autre cimetière. Par crainte que sa dépouille ne soit enlevée du tombeau, on pense qu'il a composé cette épitaphe pour sa pierre tombale :
Une signature de Shakespeare
Mon ami, pour l'amour du Sauveur, abstiens-toi
De creuser la poussière déposée sur moi.
Béni soit l'homme qui épargnera ces pierres
Mais maudit soit celui violant mon ossuaire.[9]
La légende populaire veut que des œuvres inédites reposent dans la tombe de Shakespeare, mais personne n'a jamais vérifié, par peur sans doute de la malédiction évoquée dans l'épitaphe.
Voir aussi ses contemporains Christopher Marlowe, Ben Jonson, Thomas Kyd, la reine Élisabeth Ire et Edward de Vere.
Source biographie.net